Etape 2 - La cathédrale de Canterbury
Vendredi 6 juillet 2012. La route de Douvres vers Canterbury se fait rapidement. Du coup, on arrive vers notre première grande étape de notre périple en Angleterre sur les coups de une heure. On a une faim de loup. Le temps de se garer vers Hospital Lane et on file manger au Saffron Cafe. Les gens sont très sympas et la nourriture est très bonne, que demander de plus ? Du coup, on remonte ensuite Castle Street l'esprit tranquille et le ventre plein. Elle est pas belle, la vie !
On semble être tout droit plongé au coeur du Moyen Âge. La ville est entièrement construite autour de sa cathédrale, qui n'est autre que le siège de l'église anglicane, un peu comme le Vatican en quelque sorte. Ici, l'archevêque de Canterbury partage officiellement le pouvoir avec la reine. En plus de la cathédrale, Canterbury réunit la Saint-Augustine's Abbey et la Saint-Martin's Church, appartenant toute trois au patrimoine mondial de l'Unesco. A bien y regarder, Canterbury constitue une étape culturelle unique en Angleterre.
La vieille ville médiévale*** est magnifique. L'animation règne partout dans les ruelles. Les maisons de briques rouges et à pignon cèdent peu à peu leur place aux maisons à pans de bois. Au bout de Castle Street, se dresse l'église Saint-Margaret qui abrite Canterbury Tales qui évoquent les pélerinages. Les ruelles se rétrecissent encore et mènent vers la cathédrale. Une place médiévale surgit brusquement. D'une beauté presque irréelle, surplombée par un somptueux portail gothique.

Un peu d'histoire. La cathédrale de Canterbury est construite à partir de l'an 1070, sur les ruines de la première église de Saint-Augustin. Elle ne fut terminée que cinq siècles plus tard. L’une des heures noires de l’histoire de la cathédrale fut l'assassinat de Thomas Becket dans le transept au nord-est le mardi 29 décembre 1170 par des gardes qui avaient entendu les mots du roi Henri II d'Angleterre : « Qui va me débarrasser de ce gêneur en soutane ? » alors qu'il était en conflit avec Becket. Les gardes prirent cette expression au pied de la lettre et assassinèrent Becket dans sa propre cathédrale.
Après l'incendie désastreux de 1174 qui détruisit la façade Est, Guillaume de Sens fit reconstruire le chœur dans un style gothique plus moderne avec des arcs-boutants, de hautes arches et des voûtes en ogive. Plus tard, Guillaume l’Anglais fit ajouter la chapelle de la Trinité pour en faire un tombeau contenant les reliques de saint Thomas Becket. Avec le temps, d’autres personnalités furent enterrés à proximité comme Édouard Plantagenêt (le Prince Noir) et le roi Henri IV d'Angleterre. La tour "Corona" fut construite sur la façade est pour contenir la relique de la tête de saint Thomas qui fut décapité.
Le prieur Thomas Chillenden (1390-1410) fit reconstruire la nef dans le style perpendiculaire de l’architecture gothique. La tour normande centrale de Lanfranc, la Angel Steeple, fut démolie dans les années 1430. La reconstruction eut lieu cinquante ans plus tard, commençant en 1490 et finissant en 1510 d’une hauteur de 207 pieds (90 mètres). Cette nouvelle tour est connue sous le nom de "Bell Harry Tower". Elle fut autrefois appelée la plus belle tour de la Chrétienté. La tour normande nord-ouest fut démolie dans la fin des années 1700 à cause de soucis de structures. Elle fut remplacée pendant les années 1830 dans le style gothique perpendiculaire, le même que la tour sud-ouest appelée Arundel Tower. Ce fut là le dernier changement majeur dans la structure de la cathédrale.

La particularité de Canterbury est que tous les styles y fusionnent, par exemple les deux niveaux en duplex et la crypte romane. Cette particularité tient justement de l'étalement dans le temps de sa construction et des nombreuses modifications que l'édifice a subies.
La nef*** est de style gothique anglais, dit "perpendiculaire", et date du XIVe siècle. Les piliers s'élèvent dans les cieux. Au Moyen Âge, elle était un espace de réunion informel pour les pélerins, et le choeur était le lieu de culte proprement dit. Avant le choeur, il faut lever la tête pour admirer le magnifique plafond avec des voûtes en éventail de la tour Bell Harry.
Le choeur et la chapelle de la Trinité*** ont été reconstruits et agrandis au XIIe siècle après un violent incendie. Les arcs brisés sont typiques du style gothique, très différents des arcs en plein cintre de la crypte. La Chapelle de la Trinité renfermait la chasse de Saint-Thomas, de 1220 à 1538, date à laquelle il fut démoli et enlevé sur ordre de Henry VIII. Les magnifiques vitraux illustrent les miracles et les récits associés à Saint-Thomas. La chapelle de la Trinité abrite également les tombeaux royaux d'Henry IV et d'Edouard, le princes de Galles, qu'on surnommait aussi le "Prince noir".

Direction le cloître***. Avec la salle capitulaire, il était le centre de la vie monastique. Le cloître reliait les différentes parties du monastère entre elles, et la salle capitulaire étaient utilisées par les moines qui s'y réunissaient chaque jour pour discuter des activités quotidiennes et lire un chapitre de la règle bénédictine. En levant les yeux, on voit de magnifiques blasons héraldiques, visages et animaux sculptés. Au coeur du cloître, des tombes de moines surgissent de la pelouse. Les coursives s'allongent, abritées par des toits recouverts de volées d'ogives. Le spectacle est magnifique. Une grande paix émane de ce lieu unique en son genre. Tout cela mérite bien une petite pause au soleil.
Au grand dam de Léa, la visite n'est pas terminée. L'enceinte de la cathédrale*** renferme de nombreux vestiges du passé monastique de la cathédrale, des ruines de l'infirmerie au grenier, à la boulangerie et à la brasserie. Côté nord, on peut voir le jardin de plantes aromatiques créés par les jardiniers de la cathédrale autour des ruines du dortoir des moines. Au Moyen Âge, ces plantes étaient utilisées à des fins médicinales, mais aussi dans la fabrication de bières, de teintures, d'encre, ou pour recouvrir les sols et assainir l'air ambiant.

Après la cathédrale, un petit tour tranquille dans la vieille ville... Pour le plus grand plaisir de Léa qui trouve le magasin de ses rêves ! Une boutique rock'n roll, paradis des groupes les plus mythiques de l'histoire du rock. Allez zou, un écusson de Jim Morrison et un tee-shirt dans la besace ! C'est bizarre, j'ai comme l'impression que ma fille est beaucoup plus heureuse maintenant...
Une chose est sûre, cette ville est un vrai bijou. Les maisons médiévales à pans de bois succèdent aux façades empierrées, sculptées parfois, aux dentelles de pierre, et aux cafés si frenchies. En plus, le soleil est au rendez-vous, que demander de plus ? Du coup, on remonte tranquillement Saint-Peter's street jusqu'à West Gate, seule porte médiévale encore debout. Une petite rivière coule à deux pas de là entre deux vieilles maisons à pans de bois. Tout simplement magnifique.



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